Histoire de la trompe

Un jour des temps les plus reculés, l’homme pensa à s’aider de chiens pour capturer l’animal sauvage dont il fallait bien se nourrir. Puis des millénaires ayant passé, il se perfectionna jusqu’à se donner pour règle stricte de prendre par le seul moyen de chiens courants un animal désigné avant la chasse.

La chasse à courre ou vénerie était née.

La grande vénerie a trait aux cerfs, chevreuils, sangliers, etc.

La petite vénerie elle, a surtout trait au lièvre et au renard.

Quoi qu’il en soit de la précision de son origine, la chasse à courre fut vraiment un art royal. Le roi seul avait meute au chenil: lévriers et chiens gris de St Louis. Les gentilshommes avaient quelques chiens courants.

Ainsi qu’en témoignent les merveilleuses tapisseries des Gobelins, il fallut arriver au règne de Louis XV (1715) pour retrouver les plus hauts niveaux de la vénerie.

C’est sous le règne du « Bien Aimé » que la trompe de chasse fut mise au point et que les principales fanfares de chasse à courre furent composées.

Parlons des instruments qui furent employés au début par l’homme.

Tout d’abord le cor fut fort longtemps tiré d’une corne d’animal. Les temps se succédant, on fabriqua des cors de tous métaux, par simple fonderie d’abord, avec corroyage plus tard.

Les premières cornures: appels, biens allés, requêtés, la vue, la prise avaient des sons bien lugubres avec de tels instruments.

Parlons maintenant de la trompe de chasse.

En 1680 apparut à la chasse un instrument en laiton qui était un tube enroulé avec le pavillon dirigé vers l’arrière, contre les veneurs suivant la chasse.

Cet instrument a passé bien des siècles depuis Louis XIV; trompe d’une longueur de 2,3 m enroulée à un tour et demi, avait déjà de nombreuses possibilités musicales.

D’emblée il fut adopté par la vénerie royale qui l’utilisa jusqu’en 1722. On en sonnait sept airs composés (ou recueillis) de 1686 à 1705 par Philidor l’Aîné, musicien à la grande écurie du roi.

On arrive alors au fait le plus marquant pour la trompe de chasse.

En 1722, le Marquis de Dampierre fut nommé « Gentilhomme des menus plaisirs du Roy ». Sept ans plus tard, il devenait commandant de « l’équipage du lièvre » et en 1738 enfin, il prenait la direction de « l’équipage du daim ». (L’équipage vert, du fait de la couleur des tenues) créé pour l’amusement de Mesdames de France.

C’est à l’occasion de cette belle carrière de veneur que le Marquis de Dampierre fut à même d’accomplir la mission remarquable de doter la chasse à courre d’une musique et d’un instrument si valable qu’ils ont pu parvenir jusqu’à nos jours.

Dampierre évoluant parmi les premiers personnages de France, souvent en présence du Roi, il fut inspiré par les musiques de cour et de chasse de: Jean­ Baptiste Lully – Philidor l’Aîné – et de Jean-Joseph Mouret. Il conçut, mit au point et surtout, réussit à faire adopter les plus importantes de ces merveilleuses petites fanfares d’animaux, de circonstances ou de lieux, qui constituent toujours la base des fanfares réglementaires actuellement utilisées par tous les équipages de chasse à courre. C’est à cette époque que furent écrites plusieurs partitions de « Messes de St-Hubert » par Obry, Tyndare et d’autres.

Pour sonner ces belles fanfares, Dampierre avait adopté une trompe d’une longueur de 3,6 met d’un diamètre de 73 cm, enroulée sur un tour et demi. Il la fit adopter par la vénerie royale.

Dès 1729, le facteur Lebrun, suivi par Raoulx, enroulait la trompe à deux tours et demi, au diamètre de 55 cm et de 4,545 m de longueur, sonnant en Ré.

Elle fut appelée Dauphine, due à la concordance de sa création et de la naissance du fils de Louis XV. Cette trompe fut adoptée par la vénerie royale et par la suite par tous les équipages.

A l’abandon du tricorne, Raoulx créa un modèle de trompe toujours en Ré, mais enroulée à trois tours et demi, d’un diamètre de 38 cm, toujours de 4,545 m de longueur, optimale pour le port en bandoulière. C’est ce type de trompe qui est toujours fabriquée de nos jours, appelée trompe d’Orléans.

Fabriquée en général à la main, suivant les coutumes ancestrales, battue, martelée, étirée pendant des jours, pour en former ces merveilleux timbres sonnés à trois ou quatre voix.

Difficile à maîtriser, il faut plusieurs années de pratique pour la sonner correctement.